• Le Japon, deux mois après le séisme

    Séisme, tsunami, crise nucléaire, le Japon est au cœur d’une crise humaine et économique. Quel est le bilan de ces deux derniers mois ?

     

     

    2 heures. C’est tout ce qu’ont eu les habitants de Kawauchi hier pour aller récupérer quelques unes de leurs affaires dans la zone strictement interdite autour de Fukushima.

    Bref aller-retour

    A Kawauchi, ils n’étaient que 92, âgés de 21 à 85 ans, à s’aventurer dans leur ancien village. Afin de se protéger des radiations, tous avaient revêtu une combinaison spéciale, trop chaude selon les évacués, des lunettes, des masques, des gants et des talkies-walkies.

    A la main, un simple sac plastique, pour emporter les quelques effets personnels et souvenirs qu’ils ont pu rassembler en si peu de temps. Certains ont pris des vêtements, ou des photographies tandis que d’autres se sont occupés de leurs animaux de compagnie.

    « J’attends ce moment depuis longtemps, j’ai hâte de retourner chez moi » explique une vieille femme à la NHK.

     

    « J’avais laissé mes médicaments même si j’ai une maladie chronique. J’ai besoin de les récupérer » dit un homme âgé en arrivant sur le site.

     

    « J’aurai voulu ramener plus, mais je n’avais ni le temps ni les moyens de prendre tout ce que je voulais » explique une femme.

     

    Et une fois leurs affaires récupérées, des tests leurs ont été imposés dès leur retour au centre d’hébergement, afin de s’assurer qu’ils n’avaient pas été irradiés.

     

    D’ici la fin du mois de mai, il sera possible pour certains habitants de neuf villes de retourner brièvement chez eux. Mais pour ceux qui vivaient dans la zone des 3 km entourant la centrale, cette opportunité n’est clairement pas envisageable.

     

    Pour les réfugiés qui ont subi la perte de leurs maisons, de leurs terres, de leur quotidien, reprendre une vie normale aujourd’hui leur paraît insurmontable. Une enquête du Mainichi Daily News, menée en avril, révèle que plus d’un quart des évacués ne savaient pas comment ils allaient dorénavant gagner leur vie ou reconstruire leurs maisons.

     

    Début mai, ces mêmes personnes ont été recontactées par le journal et l’espoir semble renaitre, un peu. Davantage de réfugiés s’imaginent pouvoir se reloger et retrouver du travail dans les prochains mois.

     

    Et le nucléaire ?

     

    Pendant que les réfugiés tentent de retrouver un semblant de vie normale, Tepco, elle, continue de couler. L’entreprise se retrouve dans une situation financière si délicate qu’elle est obligée de demander de l’argent au gouvernement nippon. Un gouvernement nippon qui, en outre, s’inquiète désormais de l’approvisionnement en électricité de la région de Tokyo, qui pourrait être menacé.

     

    Par crainte d’une nouvelle catastrophe naturelle, une autre centrale nucléaire, celle d’Hamaoka, vient de fermer certains de ses réacteurs. Le gouvernement l’avait exigé, l’exploitant a obtempéré en début de semaine.

     

    En effet, sa localisation en bord de mer et surtout, sur une zone de grande intensité sismique, ferait d’elle un Fukushima bis si un tremblement de terre survenait. Et les experts estiment qu’il y a 87% de chance qu’un séisme de magnitude 8 se produise dans cette région du Japon d’ici les trente prochaines années.

     

    Par ailleurs, Naoto Kan vient d’annoncer, selon le Guardian, que le Japon abandonnait son programme de développement nucléaire, en faveur des énergies renouvelables. Pour le moment, celles-ci fournissent 20% de l’électricité nippone.

     

    Le Japon devait se doter de 14 nouveaux réacteurs dans les 20 prochaines années, mais dans le sillage de Fukushima, cela ne paraît plus envisageable.

     

     

    Source: http://japon.aujourdhuilemonde.com/le-japon-deux-mois-apres-le-seisme

      

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